Test Dead Space, le remake qui tranche dans le vif (2024)

Dead Space n’a plus rien à prouver. Pilier incontournable du survival horror, l’aventure spatiale avait immédiatement trouvé son public à sa sortie en 2008. Public qui avait hissé le jeu au rang de culte à une époque où le reste de la scène jeu vidéo d’horreur commençait à s'essouffler. Un gigantesque vaisseau spatial à la dérive, des monstres terrifiants dans ses couloirs, et une idée de base de gameplay géniale: tranchez-leur les membres au cutter laser pour survivre...

C’est le studio Motive qui se charge de produire ce remake pour Electronic Arts. Les développeurs de l’original n’existent plus depuis longtemps, et le créateur de la franchise, Glen Schofield, est d’ailleurs parti sur la même idée dans son coin et son nouveau studio a sorti The Callisto Protocol très récemment. L’ADN en commun est évident quand on met les deux jeux côte à côte. Mais pour Motive, studio relativement jeune de l’écurie EA, c’est l’occasion de faire ses preuves et les attentes sont pesantes. Le résultat est au rendez-vous, avec un jeu qui est avant tout une réussite technique, et une sublimation de l'œuvre originale.

Bienvenue sur l’USG Ishimura

Pour les plus jeunes et ceux qui n’ont pas suivi, on rappelle les bases. Isaac Clarke est en mission de sauvetage. Le titanesque vaisseau minier USG Ishimura ne répond plus, et Isaac est l’ingénieur tout désigné pour aller voir ce qui ne va pas, et donner le bon coup de clé à molette où il faut pour faire repartir de bestiau. En plus, sa fiancée est de service sur le vaisseau, donc franchement sur le papier, c’est un bon plan. La réalité est bien plus dramatique: une forme de vie extra terrestre a pris d’assaut le vaisseau, et a fait un beau massacre. Et bien entendu, le seul capable de régler ça, ça sera Isaac. Vous, du coup.

On se retrouve donc à parcourir le vaisseau, en long, en large et en travers, pour tenter de trouver un moyen de rentrer à la maison, sauver qui on pourra, tout ça avant que tout explose, se crashe sur la planète la plus proche, ou que l’oxygène tombe tout simplement en panne. Les objectifs du jeu alternent entre des réparations de fortune du vaisseau, et trouver une solution pour s’enfuir, en déglinguant un maximum de monstres en chemin.

À bras raccourcis

Les nécromorphes, c’est leur petit nom, qui pullulent sur le vaisseau, sont des prédateurs redoutables, aux griffes acérées, qui vont vous déchiqueter à la première occasion. Mais il faut savoir que leur anatomie est telle qu’il sera toujours plus efficace de sectionner leurs membres, ce qui est l’opportunité pour un gameplay original. Couper les jambes des plus rapides vous permettra de gagner du temps. Couper les bras des plus agressifs les calmera immédiatement. Tout ça avec une panoplie d’armes empruntée au vaisseau minier, souvent adaptée à trancher des trucs et faire des trous, voilà qui tombe bien!

On est en plein dans le genre survival horror. Votre vie est limitée, les packs de soin sont distribués au compte goutte, les munitions sont rares, et le jeu prend un malin plaisir à construire une tension perpétuelle, de façon à vous faire passer le plus clair du temps à vous dire que vous êtes dans le caca. L’immersion est mise en avant à chaque instant: que ce soit au niveau du sound design, de l’éclairage, et même de l’interface inexistante. Votre vie est représentée directement sur la combinaison d’Isaac, et les munitions restantes sur le flingue lui-même. Il s’agira donc d’explorer au mieux le vaisseau, choisir vos combats avec soin, et avant tout faire en sorte que le magnifique gore que propose le jeu reste du côté des méchants

Sous les feux des projecteurs

Ce remake est une franche réussite technique. Il s’agit donc bien d’un remake, et non d’un remaster. Le jeu a été rebâti à partir de rien, sur un tout nouveau moteur, le fameux Frostbite d’EA. Tout est recréé avec une minutie et une précision exceptionnelles. L’atmosphère flippante de l’USG Ishimura a été clairement une priorité absolue pour l’équipe de développement, qui y ont mis leur âme et leurs tripes, et ça se voit immédiatement. Chaque salle, chaque coursive est conçue pour vous plonger dans l’ambiance du jeu. Les éclairages sont époustouflants, et parviennent à créer des jeux d’ombres qui dansent sur les fumées qui se déplacent lentement au sol des couloirs du vaisseau. En mode performance sur la Playstation 5 de test, on ressent une résolution légèrement inférieure qui fait parfois des ajustements dynamiques à la volée, mais la fluidité est au rendez-vous et les 60 images par seconde semblent soutenues. En mode qualité, on sort le grand jeu avec une résolution atteignant les 4K et du ray-tracing d’une beauté renversante, mais au prix d’une expérience plus saccadée autour de 30 images par seconde.

Le mode performance a été l’expérience de choix pour nous, au diable le 4K, c’est par ses éclairages et ses ombres que le jeu parvient à façonner une ambiance redoutable, accentuée par un sound design remarquable. Jouer au casque dans le noir est une épreuve de force et de courage. Vous entendrez des pas derrière vous, des hurlements au loin, des murmures et chuchotement qui semblent provenir d’un coin de votre cerveau. Vos yeux vont vous jouer des tours, et vous aurez l’impression de voir des horreurs tapies dans les ombres, jusqu’au moment où la lumière va se couper, et l’enfer déferlera sur vous. Ce remake ajoute un système dynamique de modification des événements, qu’ils appellent le Gestionnaire d’Intensité, qui n’existait pas dans l’original. Les lumières peuvent s’éteindre à tout moment, des événements sonores arrivent à des moments inattendus, et on peut tomber nez à nez avec des nécromorphes dans des couloirs qu’on connaît pourtant par cœur. La tension ne descendra jamais.

On ne réinvente pas la roue… mais on peut la faire plus ronde

Motive n’a pas laissé passer l’occasion d’améliorer l’expérience de jeu. Ne serait-ce qu’avec les sorties de Dead Space 2 et Dead Space 3, le jeu original avait pris un sacré coup de vieux. Les phases en zéro-G cultes de Dead Space ont complètement été revues, et Isaac est désormais totalement libre de ses mouvements. On est réellement en apesanteur et ces séquences sont beaucoup plus immersives, avec un gameplay beaucoup plus libre. Par la même occasion tous les puzzles, et même les combats de boss qui se déroulent durant ces séquences ont subi une refonte complète. De manière générale, de nouveaux puzzles sont ajoutés à des moments clés du jeu, durant lesquels il faudra jongler avec un nombre limité de fusibles par exemple, et faire des choix sur quels systèmes critiques du vaisseau vous voulez alimenter en électricité. Activer une porte? D’accord, mais à quel prix, la lumière, ou l’oxygène?

Notre héros Isaac Clarke a retrouvé sa langue pour ce remake! Complètement silencieux dans le premier épisode, le doubleur du personnage pour Dead Space 2 et Dead Space 3 reprend du service, et la plupart des scènes critiques du scénario sont réécrites pour donner un rôle parlant central à l’ingénieur le plus malchanceux de la galaxie. La façon de raconter les événements est beaucoup plus dynamique de ce fait. C’est même toute la progression dans le jeu qui est plus dynamique. L’ordre dans lequel certains objectifs doivent être accomplis est moins rigide, et il y a même quelques nouveaux objectifs secondaires qui vont vous encourager à fouiller chaque recoin de l’USG Ishimura pour en apprendre davantage sur l’histoire et ses personnages. Certains éléments scénaristiques de Dead Space 2 et 3 ont même été réintégrés dans ce premier volet pour plus de cohérence globale.

Le système de progression a subi une refonte lui aussi. Vous avez toujours des points à répartir dans votre équipement, mais de nouvelles améliorations sont disponibles, et la répartition des points a été revue pour devenir globalement plus satisfaisante. Les armes obtiennent souvent un tir alternatif qui n’existait pas, pour donner plus d’options au joueurs, et de nouvelles façons d’aborder les combats. On garde une certaine rigidité en combat, mais elle fait le charme de Dead Space, et la vitesse fulgurante de certains ennemis sera clairement un facteur à prendre en compte quand vous choisirez votre arsenal.

Entre respect de l'oeuvre et manque d'ambition

Beaucoup de bonnes intentions donc, mais pour un résultat qui ne va souvent pas assez loin. Oui, il y a maintenant des objectifs secondaires optionnels, mais qui forcent à revenir sur vos pas et explorer des couloirs déjà connus sans réelle nouveauté. Un nouveau système de niveaux d’accréditation permettra d’ouvrir des coffres verrouillés ou des salles secrètes, mais là encore on n’a pas toujours l’impression que le jeu en vaut la chandelle, et qu’on revient sur nos pas pour pas grand chose. À côté de ça, certaines séquences parfois longues, poussives ou frustrantes de l’original sont toujours bel et bien présentes et paraissent parfois interminables.

Mais finalement, c’est peut-être ça qu’on attend d’un bon remake, surtout quand il s’agit d’un jeu comme Dead Space, dont l’original était déjà si proche de la perfection. Pas besoin de réinventer la roue, mais il faut le savoir d’entrée de jeu. Les différents ajouts et modifications vont davantage faire travailler votre mémoire que révolutionner l’expérience. On se prend à se demander si cette salle à toujours été là, ou si ce couloir ressemblait vraiment à ça.

Remakes, remasters, on a l’impression de ne voir que ça partout ces derniers temps. L’idée part parfois de l’envie louable de rendre un vieux catalogue de jeux plus facile d’accès, ou de remettre un classique au goût du jour. Et on en a vu de tous les niveaux, partant de la réinvention totale d’un Resident Evil 2 ou Final Fantasy VII Remake, à la copie conforme de The Last of Us Part I. Dead Space vient se poser quelque part entre les deux, avec de réelles améliorations qui se ressentent dans la qualité de jeu manette en main. La progression est plus agréable, moins rigide et globalement plus dynamique. Mais Motive ne réinvente pas la roue et certains seront déçus d’avoir l’impression de rejouer exactement au même jeu qu’il y a quinze ans, malgré la bonne volonté du studio. La durée de vie est globalement la même que celle de l’original, même si la minuscule poignée de nouvelles quêtes annexes pourra rajouter une ou deux heures au compteur, portant l’aventure à environ 13 heures au chrono sur notre sauvegarde de test. Un New Game + est là pour refaire un tour de vaisseau et parvenir à débusquer les derniers secrets dans des conditions confortables, et un challenge au niveau de difficulté “impossible” attendra les plus courageux. Une fin alternative serait même cachée quelque part…

En 2023, vous n’avez pas besoin de lire un test pour savoir que Dead Space est un classique incontournable. La bonne nouvelle, c’est que ce remake parvient à rafraîchir le jeu et lui donner une nouvelle jeunesse. L’USG Ishimura est plus terrifiant que jamais sous les feux éblouissants du Frostbite Engine. Cette version est une réussite technique impressionnante qui en met plein les yeux à chaque instant. Les ajouts et améliorations sont par contre un peu timides. Certaines phases de jeu son modernisées, d’autres sont affinées, et le scénario s’étoffe d’éléments qui n’étaient introduits que dans les opus suivants, mais ces ajouts sont marginaux, et ne s’adressent qu’au fan qui connaissait Dead Space absolument par cœur. Vous avez là la meilleure version possible de Dead Space, incontestablement, mais le voyage n’est pas forcément indispensable si le jeu est encore frais dans votre mémoire. Pourvu que tout ça nous mène à un Dead Space 4…

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Author: Barbera Armstrong

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